Jour 10 Chapitre général – jeudi 12 juillet 2018

Aujourd’hui, la troisième partie du thème du chapitre a été discutée: «Dans la mission de la charité». Fr. Jimi Huayta-Rivera a donné la première introduction, qu’il a placé sous l’icône du lavement des pieds. Le lavement des pieds et l’institution de l’Eucharistie doivent toujours être vus ensemble. Ce n’est que lorsque nous sommes unis avec Jésus que notre service sera vraiment un signe de son amour.

La parabole du Bon Samaritain a été commentée par Fr. Jimi de façon très originale: pour les deux passants l’homme dans le besoin était un homme mort, pour le Samaritain il était un vivant dans le besoin, qui par l’attention que le Samaritain lui a donnée, est revenu à la vraie vie. Ceci est aussi notre mission: ramener les gens à la vraie vie, même s’ils semblent morts pour la société. Très important ici est notre exemplarité dans la charité. D’autres doivent rencontrer ce bon Samaritain en nous et se sentir interpellés afin de grandir en miséricorde aussi.

Un deuxième élément qu’il a traité était l’hospitalité. Nous devons être hospitaliers envers ceux qui nous «dérangent», et nous devons oser nous demander comment les autres se sentent chez nous. Toute rencontre avec un autre doit donc avoir un sens communautaire et – au plan théologique – un reflet de la communauté qui vit dans la Sainte Trinité.

Nous devons oser nous poser la question de ce qui est le plus important aujourd’hui: avons-nous par exemple toujours besoin d’un développement des institutions pour prendre soin d’autres êtres humains? Chaque situation devra être pesée à ce sujet. Le point essentiel doit rester: donner aux gens la vraie vie, les restaurer dans leur dignité humaine. Le professionnalisme demeure un élément essentiel de notre charité, mais il ne devrait jamais s’appauvrir à la technicité en perdant son lien avec l’attitude fondamentale de l’amour. Nos soins doivent être holistiques et nous pouvons également ajouter les soins pour l’environnement aux quatre éléments connus des soins holistiques.

L’objectif doit toujours être de créer un meilleur endroit pour tous ceux que nous rencontrons. Nous aimerions faire référence ici aux 17 objectifs de développement durable formulés par les Nations Unies, qui peuvent être très inspirants et directeurs dans nos soins pour le prochain. Mais il nous faut toujours les confronter à notre propre vision chrétienne, ils doivent toujours être conformes à notre propre identité. C’est de cette manière que Fracarita International doit remplir son rôle de défense des intérêts.

Le temps manquait pour discuter plus avec Fr. Jimi à propos de sa conférence très appréciée, car le conférencier suivant était le Père Tomaz Mavric, supérieur général de la Congrégation de la Mission et de la Compagnie des Filles de la Charité. Ce fut un réel plaisir d’avoir le Père Tomaz avec nous, et il a immédiatement souligné l’importance d’unir nos forces en tant que congrégations vincentiennes.

Pour lui, la mission vincentienne de charité est avant tout une mission de disponibilité totale et continue donc à nous appeler à un amour dynamique. Pour saint Vincent, tout était question de sainteté: mener une vie sainte afin de sanctifier la vie des autres, et ceci à travers l’amour inconditionnel. Tout à fait conforme aux jours précédents, il a également souligné l’importance d’une vie spirituelle profonde, comme fondement d’une sensibilité caritative.

Puis il a traité les accents qui sont présentés du mouvement vincentien aux différentes sections, groupes et congrégations comme une actualisation de la spiritualité vincentienne. La commémoration des 400 ans de charisme de saint Vincent a été l’occasion de mettre l’accent sur plusieurs points.

• L’importance de travailler sur le «changement systémique», dans lequel on fait comprendre aux gens la raison de leur pauvreté et de leur souffrance, mais leur offre également des moyens pour découvrir comment s’attaquer à fond à ces causes. Notre plaidoyer au sein des Nations Unies, où nous devons travailler ensemble en tant que grande famille vincentienne, peut être un bon moyen de le faire.
• Nous continuons à chérir le passé avec beaucoup de gratitude et gardons les bons exemples qu’il continue de nous offrir. Nous continuons à bâtir sur l’histoire.
• Un point d’attention important dans la commémoration de 400 ans de charisme a été et est une action renouvelée pour les sans-abri, dans laquelle on essaie d’accueillir très concrètement les réfugiés. Toutes les congrégations et groupes vincentiens ont été appelés à regarder dans leur propre environnement comment ils pourraient développer une plus grande attention aux sans-abri. À la lumière de la problématique des nombreux réfugiés, c’est une question plus que d’actualité.
• En tant que Vincentiens, nous sommes appelés à utiliser les moyens de communication modernes pour diffuser largement la culture de la charité. Au sein de la Congrégation de la Mission, un grand travail est fait à ce sujet et le Père Tomaz a donné un certain nombre d’exemples concrets.
• Nous devons également oser développer une culture des vocations, également à travers ces moyens de communication modernes. Il était très typique que saint Vincent n’était pas convaincu au début que nous devions agir nous-mêmes pour promouvoir des vocations, mais une lecture approfondie de l’Évangile dans lequel Jésus appelle à prier pour les ouvriers dans la moisson lui a apporté une nouvelle lumière. Même aujourd’hui, nous devons prier pour les vocations et offrir aux gens des moyens de connaître notre charisme. Le synode sur les jeunes est une bonne occasion de souligner cela.
• Il y a plusieurs saints dans la famille vincentienne. Nous devons apprendre à mieux les connaître et offrir leur exemple au monde et à l’Église. Nous pouvons aussi faire connaître largement ceux dont le procès de béatification est en cours. Ceci avec un clin d’œil pour notre propre Fondateur.
• Dans chaque région, nous devons voir comment coopérer avec les différentes branches de la famille vincentienne. Le Père Tomaz a ainsi demandé très concrètement si nous aimerions coopérer avec l’administration générale de la Congrégation de la Mission pour être aussi un facilitateur envers les nombreuses congrégations néerlandophones fondées sur la spiritualité vincentienne.

Les nombreuses questions qui ont été posées par la suite et l’échange d’idées intéressant qui a suivi ont formé une belle conclusion sur le thème de notre chapitre. Ce fut une bénédiction pour notre chapitre général d’avoir parmi nous comme invité spécial le supérieur général de la Congrégation de la Mission et de la Compagnie des Filles de la Charité. Nous avons eu le plaisir de lui présenter comme souvenir de cette rencontre une relique de notre fondateur, le Père Triest, ce qui a été grandement apprécié par le Père Tomaz.

L’après-midi était entièrement consacré aux groupes de discussion, pour digérer le riche contenu des sessions du matin.